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Calame Claude, témoignage

Claude Calame, 10.09.1943, né à Lausanne, père fondé de pouvoir dans une fiduciaire, mère secrétaire puis femme au foyer. Formation : Collège classique cantonal, Gymnase, Université (Lettres - latin/grec et philo). De fin 1966 à 1974, élaboration de ma thèse en histoire et
anthropologie de la poésie et de la religion grecques (soutenue et publiée en 1977) à la faveur d’une bourse d’études à l’Université d’Urbino où je suis retourné de 1971-1974 comme chargé de cours,
puis wissenschaftlicher Assistent à l’Université d’Hambourg en 1968, doctorant à Paris (EPHE, 5e et 6e Sections) en 1969, puis à University College à Londres en 1970. Puis maître secondaire au Collège de Béthusy (Lausanne) de 1975 à 1984. De cette année à 2003, professeur ordinaire de langue et littérature grecques à l’Université de Lausanne. En 1992, visiting scholar à Harvard University ; en 1997, membre de l’Institute for Advanced Study ; en 1998, visting professor à Yale University. Dès 2001 et jusqu’à nos jours directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (l’ancienne 6e Section de l’EPHE) à Paris.

Claude Calame

Heimberg Charles, témoignage

Charles HEIMBERG, né le 17 février 1959 à Chêne-Bougeries près de Genève. J’ai eu une enfance dans une famille bourgeoise, aîné d’une fratrie de trois enfants. Mon père codirigeait un bureau de géomètre qui employait une vingtaine de personnes, ma mère était mère au foyer. C’était un milieu catholique, démocrate-chrétien, intéressé au football du côté masculin.
J’ai adhéré à la LMR en tant que collégien au début de l’année scolaire 1975-1976. J’y suis resté une dizaine d’années en militant surtout par la suite dans le secteur de la santé.
J’ai obtenu un diplôme de maturité en 1977, un diplôme d’infirmier en psychiatrie en 1980, une licence ès lettres (histoire et italien) en 1990 et j’ai soutenu une thèse de doctorat sur l’histoire du mouvement ouvrier en 1995.
J’ai été infirmier en psychiatrie, éducateur, enseignant d’histoire, puis formateur d’enseignants d’histoire. Depuis 2011, je suis professeur de didactique de l’histoire à l’Université de Genève.
À l’époque de mon adhésion à la LMR, je vivais chez mes parents. J’ai vécu en couple, dans un premier temps en colocation avec des amis, dès le début de 1977. J’ai eu un enfant en 1981. Un second est né en 1988.

Heimberg Charles

M.G., témoignage

Je suis né le 27 juillet 1948 à Châtel-St-Denis. J’ai une soeur de deux ans mon aînée. Mon père, paysan-fromager est décédé quelques mois avant ma naissance d’une tuberculose. Anecdote : une demande d’aide financière pour des soins onéreux, à l’époque, à la « Chaîne du Bonheur » a obtenu une fin de non-recevoir. Ma mère fut gérante du kiosque Naville de la gare. Elle partait travailler à 6 heures et rentrait vers 20 heures et gagnait de quoi nous permettre de survivre. Ma grand-mère, une femme bonne et généreuse s’occupait de nous au jour le jour. Autant dire que j’ai bénéficié d’une liberté quasi totale durant toute mon enfance. J’ai appris à me débrouiller et j’ai très tôt pris conscience de ma situation et décidé de me battre si je voulais « réussir » dans l’existence. J’ai eu une éducation catholique ouverte. Et ma première prise de conscience « humaniste » fut un beau jour de Noël. Devant la crèche de l’Eglise St-Nicolas de Châtel-St-Denis se trouvait une crousille. Sur cette crousille la statuette d’un noir qui baissait la tête chaque fois qu’une pièce y était glissée. Ecole primaire multi-âge à 40 élèves, école secondaire, Ecole de Commerce à Lausanne pour éviter l’internat à Fribourg. Et pour terminer HEC à Lausanne, soit 7 années à faire les trajets Châtel-Lausanne. Mon idée première était de réussir une carrière économique (sorte de revanche sur le
passé ?). C’est la rencontre avec des sympathisants de la LMR, dans le cadre universitaire, qui m’a mis sur le chemin vers un engagement plus social, soit l’enseignement. Pour autant que ma mémoire chronologique ne me trahisse pas, les événements de mai 68 se sont traduits à l’Uni de Lausanne par des cours parallèles sur le marxisme donnés par CH-A que j’ai suivi à la manière d’un étudiant studieux ! Autant que mes « camarades HEC » suivaient ceux d’un certain F. Schaller. La suite, 30 ans dans l’enseignement dont 28 à Yverdon, et pour finir comme directeur d’un établissement secondaire de 950 élèves, sous la forme d’une direction collégiale avec responsabilité directoriale, beaucoup de projets réalisés, un agenda 21 (environnement, citoyenneté) de l’établissement, une assemblée des élèves, des leçons à deux balles, etc. Actuellement : retraité.

homme

Pavillon Olivier, témoignage

Résumé
Olivier Pavillon, 05.02.1938, père enseignant secondaire, doyen du Collège scientifique à Lausanne, puis du Collège de l'Elysée ; mère, diplôme commercial, active dans le commerce de son père à Genève, confection et prêt-à-porter. D'origine allemande, mais née à Genève. Milieu petit-bourgeois, cultivé et très ouvert, cadre familial harmonieux.
Ma formation : collège et gymnase à Lausanne avec humanités classiques (latin-grec), puis Université de Lausanne, Fac. des Lettres.
Marié sans enfants au moment de la création de la LMR.
Parcours professionnel : enseignement à Lausanne et en Guinée-Conakry (2 ans, juste après l'indépendance du pays), création du dpt. des manuscrits de la BCU Lausanne, où j'ai travaillé pendant 7 ans. Puis permanent de la LMR pendant près de 10 ans jusqu'à ma démission de la LMR. Ensuite, difficulté à retrouver du travail : secrétaire de rédaction d'une encyclopédie pour les jeunes (Editions Kister) puis journalisme à l'Hebdo et à l'Illustré, puis seulement à l'Illustré, avec Ecole de journalisme et acquisition du RP. Ensuite, 1987 à la retraite (2003) : conservateur en chef du Musée historique de Lausanne.
Actuellement à la retraite depuis 2003, activités diverses : recherches historiques sur les rapports des Suisses avec la colonisation et la traite esclavagiste, beaucoup de contacts avec petits-enfants, voyages en Europe et Afrique, Asie.

Nom, prénom, date de naissance, origine sociale, milieu familial, ville et région d'activité à l'époque, scolarité et formation professionnelle. Pays ou région d’origine pour les militant.e.s étrangers/immigrés. Statut au moment de l'adhésion à la LMR : célibataire, marié.e ou en couple, enfant(s). Parcours professionnel et situation actuelle (en quelques mots).
Olivier Pavillon, 05.02.1938, père enseignant secondaire, doyen du Collège scientifique à Lausanne, puis du Collège de l'Elysée ; mère, diplôme commercial, active dans le commerce de son père à Genève, confection et prêt-à-porter. D'origine allemande, mais née à Genève.
Milieu petit-bourgeois, cultivé et très ouvert, cadre familial harmonieux.
Ma formation : collège et gymnase à Lausanne avec humanités classiques (latin-grec), puis Université de Lausanne, Fac. des Lettres.
Marié sans enfants au moment de la création de la LMR.
Parcours professionnel : enseignement à Lausanne et en Guinée-Conakry (2 ans, juste après l'indépendance du pays), création du dpt. des manuscrits de la BCU Lausanne, où j'ai travaillé pendant 7 ans. Puis permanent de la LMR pendant près de 10 ans jusqu'à ma démission de la LMR. Ensuite, difficulté à retrouver du travail : secrétaire de rédaction d'une encyclopédie pour les jeunes (Editions Kister) puis journalisme à l'Hebdo et à l'Illustré, puis seulement à l'Illustré, avec Ecole de journalisme et acquisition du RP. Ensuite, 1987 à la retraite (2003) : conservateur en chef du Musée historique de Lausanne.
Actuellement à la retraite depuis 2003, activités diverses : recherches historiques sur les rapports des Suisses avec la colonisation et la traite esclavagiste, beaucoup de contacts avec petits-enfants, voyages en Europe et Afrique, Asie.
En bref
1962, stage de 6 mois au Département des manuscrits de la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne,
1962-1964, enseignement aux lycées de Labé et Conakry (Guinée) 1964-1967, enseignement au Collège classique cantonal, Lausanne,
1967-1973, bibliothécaire puis archiviste responsable du département des manuscrits à la BCU, Lausanne,
1973-1980, secrétaire général de la Ligue marxiste révolutionnaire, membre du Bureau politique, journaliste à La Brèche, organe mensuel de la LMR..
1976–1981, rédacteur puis secrétaire de rédaction à Synopsis SA, Lausanne (encyclopédie Alpha- Juniors, Dictionnaire encyclopédique Oméga),
1981-1987, rédacteur d’abord à L’Hebdo (libre), puis engagé à L’Illustré. Ecole de journalisme et obtention du RP.
1987-2003, conservateur en chef du Musée historique de Lausanne. 1990-1994 ( ?), vice-président de l’Association suisse des Musées (ASM).
1992, cofondateur de Mémoire vive. Pages d’histoire lausannoise, avec Pierre Chessex, Frédéric Sardet et Gilbert Kaenel.
2003, cofondateur du groupe de recherches historiques (écrits personnels) Ethno.Doc, avec Gilbert
Coutaz, directeur des ACV.
2003-2007, président de la Fondation Festival de la Cité, Lausanne.
2006-2007, rédacteur de la Revue historique vaudoise.
2010-2012, président de l’association Films Plans-Fixes, puis vice-président dès 2013.
AVANT TON ADHESION A LA LMR
Expériences professionnelles, associatives, syndicales, politiques ou autres. Intérêt pour la marche des événements en Suisse, dans le monde ? Premiers engagements militants ? Ton cheminement...
Première expérience organisationnelle dès mon entrée à l'Uni, où j'ai été enrôlé dans le comité de l'Association générale des Etudiants (AGE), dont Jean-Pascal Delamuraz était le président... 1956, l'affaire hongroise ; nous recevons de l'UNES des colis de cocktails molotov à distribuer à la population pour résister à l'invasion russe. Nous discutons, nous indignons et renvoyons le tout à Zurich.
Responsable de la culture au sein de l'AGE : spectacles divers de théâtre, dont le « Fantoche lusitanien », une pièce anti-Salazar : un four... Création du ciné-club universitaire avec un autre étudiant, contacts nombreux avec Freddy Buache, découverte du cinéma d'auteur... et de la censure !
Ecole de recrue : révolte contre la bêtise et l'autoritarisme, amitiés avec un Genevois politisé, découverte de la classe ouvrière : les copains qui se biturent après le biribi...
Retour à l'Uni, contacts avec de « vieux » étudiants membres du POP (B. A., L., D.), nombreuses discussions au Barbare, découverte du Tiers-Monde et des luttes de libération.
Puis création avec J.-C. et A.-C. M., S. G., B. A-, Yvette Jaggi, R. B., F. et R. S., des étudiants en architecture, etc. du Mouvement démocratique des étudiants. Epoque du syndicalisme étudiant, importé de l'UNEF, rencontre avec les étudiants de l'UGEMA algérienne, meetings, débats, tracts sur l'Uni, premiers « porteurs de valises » pour le FLN algérien (je n'en étais pas). Lectures en vrac : Nizan, Challiand, Sartre, les Temps Modernes, Gorz, etc.
Participation au comité de la revue « Contacts » (Michel Buenzod, des socialistes de gauche, Géa Augsbourg, Alexis Chevalley, Robert Nicole) et, de là, participation aux Marches antiatomiques de Pâques pendant qq. années. J'y rencontre des socialistes chrétiens comme Arthur Villard, le Dr. Béguin de Neuchâtel, Jules Humbert-Droz dont j'ignore encore le passé politique, des militants pacifistes suisses alémaniques. Découverte de la Suisse alémanique, du socialisme suisse, des Popistes. Je commence à me politiser sérieusement.
Contact à l'Uni avec un étudiant guinéen de l'EPFL, grand partisan de Sékou Touré ; décision, une fois la licence en poche, d'aller assister la jeune république guinéenne, départ en Guinée avec ma première femme S. et R. B., grand ami ; on retrouve sur place des anciens de l'Ecole d'architecture et Pierre Centlivres. Enseignement à Labé dans le Fouta-Djalon, puis, l'an suivant, à Conakry. Découverte de l'Afrique et du ... socialisme africain. Quelques questions dubitatives, mais expérience passionnante.
Retour en Suisse, enseignement et entrée au POP, en l'absence d'une alternative plus attirante. Le PS nous semble exclu, trop à droite. Apprentissage de la vie de militant dans le « secteur Ouest » du POP lausannois, présidé par l'instituteur Fernand Petit, récolte des cotisations, distribution de la VO et de tracts. Pas de discussions politiques approfondies dans les séances, juste un « Quart d'heure
politique » qui laisse vite la place aux tâches de gestion. Nous sommes d'anciens lettreux et architectes, pleins de questions sur le conflit sovieto-chinois, sur la mollesse du PDT dans le soutien des luttes anti-impérialistes, sur la création d'un syndicat d'enseignants, etc. Le Rapport Krouchtchev est rapidement évoqué par les Muret, Vincent et Cie (le secrétaire national du PDT Edgar Woog conclut : « Le temps arrangera les choses... ») et nous nous sentons frustrés.
Et un jour P. R., alors secrétaire de la section POP et libraire, dégotte un nouveau livre, le « Traité d'économie marxiste » d'un certain Ernest Mandel. On lit un peu, on s'enthousiasme, tout en trouvant que c'est vachement difficile à comprendre, mais on sent qu'il y a là une sorte de clé pour comprendre le monde contemporain. Et on crée un groupe d'étude du Mandel, une fois par semaine, chez les R., avec toujours un chouette repas concocté par M.-P. ou P. Il y a là S., G. M. (de la TV), R. B., parfois les S., R. K. et nous découvrons, sans toujours tout bien comprendre, une vision éclairante des enjeux de l'époque, de la stratégie capitaliste et du blocage des bureaucraties soviétiques.
Dans le POP nos questions deviennent de plus en plus pressantes et les réponses de plus en plus insatisfaisantes.
Notre groupe de discussion informel s'agrandit, P.R. est en contact avec des militants du PCI et du PCE qui se plaignent du manque de soutien du POP. Rencontres, découvertes de militants ouvriers communistes espagnols et italiens dans les baraques de chantier. Premiers pas au sein de la VPOD, syndicat de la fonction publique, dans le groupe « enseignants ».
Et puis, mai 68, les événements en Tchécoslovaquie. Je suis au cours de répétition, le colonel nous assemble et du haut de sa jeep, sur le terrain de foot de Villars sous Yens, annonce la menace soviétique qui va déferler sur la Suisse. La direction du PdT se ferme comme une huître. Nous décidons de donner une plus grande rigueur à nos réunions informelles pour y pondre un rapport de réforme du parti. Rencontre avec des Jeunes Socialistes et les Jeunesses du POP, où s'agite un certain U., qui nous impressionne par ses vues politiques qui semblent faire écho à Ernest Mandel... Décision d'envoyer notre rapport de réforme du parti à tous les membres. Découverte de notre groupe par la direction du POP, R. suspendu de son poste de permanent ; il est accusé d'avoir utilisé le fichier des membres pour diffuser une position anti-parti. Nombreuses séances de secteurs à Lausanne et dans le canton, houleuses, où les grands chefs viennent en personne pour nous mettre en accusation (fractionnisme, lutte anti-parti) et enfin exclusion au congrès du POP vaudois de Prilly du 14 sept. 1969 de 5 militant.e.s dont j'étais pour « fractionnisme ».
La tentative de remodeler le POP a fait long feu. Nous décidons, dans un groupe de plus en plus étoffé (jeunes issus du POP, voire du PS, militants chevronnés, élus du POP comme M. M., artistes et intellectuels comme Gaston Cherpillod ou Roger Cuneo, etc.), de lancer un nouveau « parti », ce sera la LMR...
Circonstances de ton adhésion à la LMR, où et pourquoi ? Quelle attente de ta part sur le plan local, suisse, international, et celui de ta propre vie. Motifs principaux de ton engagement : faire évoluer les choses, stopper les injustices, participer à une refonte fondamentale de la société, une problématique particulière ?
Je n'y ai pas adhéré, mais ai été un de celles et ceux qui ont lancé l'organisation ! Le Pop/Pdt nous semblait définitivement lié à la bureaucratie soviétique et devenu irrécupérable. Il était en train de se vider d'une foule de ses meilleurs militant.e.s qui nous rejoignaient ou, pour certains, allaient rejoindre les mao-spontex de « Rupture ». Nous nous sentions porté par une sorte de nécessité historique : répondre aux luttes de libération nationale dans le monde par une solidarité active, nouer un lien organique avec les travailleurs immigrés, fer de lance de la lutte ouvrière, répondre aux premières manifestations de la xénophobie, travailler à désengluer les syndicats de la collaboration de classes, répondre aux attentes d'une jeunesse souvent en rupture avec le moralisme de la société, nous relier aux mouvements de contestation surgissant partout en Europe, lutter contre le franquisme et le salazarisme, le régime des colonels en Grèce, construire un vrai mouvement anticapitaliste au plan international, etc. Les tâches étaient immenses, multiples, mais rien ne nous
arrêtait. Je dirai même que tout nous réussissait...
Nous avions l'impression d'avoir contribué à faire sauter des barrages et d'être animé par un idéal politique qui nous donnait les clé très évidentes de notre action.
Il s'y mêlait des visées réformistes à court terme (faire évoluer, supprimer des injustices) et révolutionnaires (mettre le capitalisme en crise, jeter les bases d'une autre société égalitaitre et plus juste).
A ce moment, notre vie personnelle – du moins la mienne – était complètement imbriquée dans la construction de la Ligue. Nous vivions avec nos camarades les instants de la vie militante comme ceux des moments de loisirs et de vacances. Je n'ai jamais adhéré à une quelconque communauté, mais je sentais néanmoins très fortement cette solidarité fraternelle qui m'a conduit à rompre avec mes relations d' « avant » et de m'installer dans un mode vie militant, très passionnant, mais aussi très exclusif... De là, l'idée de procréer me semblait peu d'actualité ; il y avait d'autres priorités ; on verrait plus tard...
TOI AU SEIN DE L'ORGANISATION
Qu'est-ce qui a focalisé ton attention, ton enthousiasme, ta volonté d'agir une fois que tu as eu l'expérience de l'organisation (à l’interne) ?
La construction même de l'organisation révolutionnaire, le regroupement des forces militantes étaient fascinants. Comme dit plus haut, tout semblait nous porter en avant : les sections de la LMR se multipliaient dans toute la Suisse (j'étais responsable de la création en Suisse romande, Neuchâtel, Fribourg), la « Brèche » puis « Bresche » étaient créées, une imprimerie professionnelle mise sur pied. Nous découvrions les luttes du monde dans le prisme de la IVe Internationale, qui nous déléguait des intellectuels prestigieux (Mandel, Maïtan, Ben Saïd.Krivine, etc.) et nous mettait en relation très directe avec des militant.e.s nord-américains, pakistanais, hindous, sud-américains, etc. Nos meetings tiraient des dizaines et des dizaines d'auditeurs et les manifs des milliers. Les liens avec les travailleurs étrangers se multipliaient dans des contacts et des assembles de solidarité ; de premières grèves se faisaient jour et une forte solidarité les entourait. Nous avions l'impression d'avoir le vent en poupe, d'être en adéquation complète avec l'époque et ses mutations. Et la chaleur militante dans les sections n'était pas rien ; il existait une véritable camaraderie, assez romanesque (avec le recul).
A quel niveau de l'organisation, dans quelles structures as-tu agi ? Décris l'éventuelle évolution de ton engagement, les changements d'affectation, de lieux, avec les dates si possible.
Je fus immédiatement membre du Bureau politique national et du Comité central, puis rapidement aussi permanent de l'organisation pour la Suisse romande, dont j'ai organisé le secrétariat à Lausanne. J'avais en charge la construction des sections fribourgeois et neuchâteloise.
Dans quelles organisations « de masse » ou structures larges étais-tu prioritairement engagé (parlements, syndicats, MLF, groupements divers, en particulier d’immigrés, etc.) ?
Aucune organisation de masse, mais participation à de très nombreux comités de solidarité conjoncturels à Lausanne, Genève, Berne., chargés d'organiser le soutien à des grèves ou de préparer de grandes manifs nationales pour le Vietnam, contre le shah d'Iran ou les dictatures de Salazar et de Franco, etc.
Dans quels domaines (politique générale - articles ou tracts par exemple-, formation, féminisme, comités de soldats, travail « jeunes », travail « ouvrier », « solidarité internationale »,
« immigration », travail pratique - permanences - etc.) t'es-tu particulièrement investi.e ? As-tu agi seulement sur le plan local ou plus largement aussi ?
Peu investi au plan local à Lausanne, mais surtout au plan suisse ou régional et dans la construction de l'organisation. Nombreux articles sur les sujets les plus divers dans la « Brèche », nombreux cours de formation, rédaction de tracts.
Comment as-tu vécu le militantisme au quotidien ? T'es-tu senti.e coupé.e de certaines relations sociales et familiales ? Que sont devenus tes loisirs ?
A la fois exaltant, et exigeant, parfois très dur.
Oui, j'ai vécu une grosse coupure avec mes relations antérieures, qui me semblaient devenues
« secondaires », superflues.
J'ai aussi vécu une relation familiale difficile avec mes parents, ma soeur, qui n'étaient pas à proprement parler hostiles à mes idées, mais surtout inquiets pour mon avenir...J'ai le sentiment d'avoir été trop souvent dur dans mes relations avec eux, bien que nous n'ayons jamais rompu.
Ma première femme fut aussi militante, je crois qu'elle l'a fait parce qu'elle y croyait, mais aussi, un peu, pour être avec moi.
Mes loisirs (bonne bouffe avec les copains, cinéma, théâtre, Faux-Nez, musique classique et chanson française, lectures, voyages et marche) étaient étroitement conditionnés par ma vie militante qui prenait parfois trop de place.
Avais-tu des rapports avec les militant.e.s d’autres organisations (maoïstes, socialistes, Parti du travail, POCH, PSA, etc. ? Et comment juges-tu la politique de la LMR/PSO vis-à-vis des autres composantes de l’extrême-gauche ?
Surtout avec les Socialistes, maoïstes, POCH et PSA pour les besoins du travail que nous appelions « unitaires » (manifs, action de solidarité, alliance ponctuelle pour des referendum, etc). Pour le POP, j'étais le traître et il valait mieux que je reste à distance. D'autant que mon ancien meilleur ami avait voté mon exclusion et était devenu président du POP vaudois ; ce qui était resté comme une écharde dans ma peau.
Il régnait un sectarisme général entre les diverses composantes de l'extrême-gauche et nous,les trotskystes, nous n'étions pas en reste. Quoique nous n'aurions jamais proféré à la face de nos interlocuteurs – comme des maoïstes nous l'ont fait – que nous allions les fusiller au poteau, une fois le pouvoir pris...
Mais nous étions très suffisants, sûrs de notre supériorité en matière de théorie marxiste et donc de compréhension des enjeux politiques. Nous étions – on nous l'a reproché – des « donneurs de leçon »...
As-tu souffert d’une surcharge de travail (longues et fréquentes séances, distributions à l’aube, week-ends occupés, etc.) ? Le montant des cotisations était-il à ton avis supportable ?
Pas de surcharge dans le feu de l'action ; bon ! Pas toujours facile de se lever à 4h du matin pour aller distribuer des tracts au Brassus dans la neige et le bise.... Et les réunions des week-end était l'occasion de retrouver des militant.e.s d'autres régions, voire d'autres pays ; c'était assez passionnant.
Mais, sur le long terme, après dix ans de militantisme et de « permanence », oui, il y a eu ras-le-bol et presque burn-out.
J'avais un salaire, très faible, de « permanent » et étais de ce fait dispensé de la cotisation. Mais je crois que ce fameux 10% était lourd pour pas mal de couples militants avec ou sans enfants.
FEMINISME ET MODES DE VIE
Comment as-tu vécu le surgissement du féminisme dans la société ? L’évolution des moeurs a-t- elle eu des conséquences dans ton couple militant ou partiellement militant ? As-tu traversé une phase de bouleversement personnel ?
Je l'ai vécu intellectuellement comme quelque-chose qui s'imposait, qu'il fallait soutenir.
De là à intégrer cela dans ma vie de couple, il y a eu un pas ... assez large !
Donc pas de phase de bouleversement personnel face à la question du féminisme.
As-tu vécu en communauté et si oui, dans quel type de communauté ? Cherchiez-vous à inventer
de nouveaux modes de vie, façons de vivre ensemble, de s’aimer, d’élever des enfants ? Et si non, de quel oeil voyais-tu ces tentatives ?
Non jamais tenté, trop individualiste. Plus âgé que la majorité des militante.s, j'avais une vision de la vie quotidienne plus classique ! Mais j'ai passé de bons moments dans diverses communautés comme invité.
De quel oeil voyais-tu les rapports homme-femme dans l'organisation (présence des femmes dans les instances dirigeantes, prise de parole, accès à l’élaboration de la ligne politique et aux publications, influence, écoute, considération) ?
J'étais totalement favorable à l'augmentation de la présence féminine dans les instances et crois y avoir travaillé. J'ai énormément apprécié l'arrivée de J. H. au Bureau politique, où elle a eu une influence fort positive.
Comment as-tu perçu (ou vécu de l’intérieur) l’investissement d’un certain nombre de camarades dans des mouvements féministes excluant les hommes (MLF) ?
Cela me semblait naturel compte-tenu de la situation des femmes dans notre société et ça ne me posait aucun problème.
.
REVOLUTION, VIOLENCE ET DEMOCRATIE INTERNE
As-tu considéré l’organisation comme ayant des objectifs et une structure au niveau suisse ET international ? La IVe Internationale avait-elle une réalité pour toi ? Lisais-tu ses publications, les journaux et brochures d’autres sections de l’Inter ?
D'emblée, vers la fin de ma présence au POP, j'avais une sensibilité aux questions internationales. C'était la grande époque des luttes de libérations nationales. Et la IVe Internationales avec sa conception d'une lutte articulée entre les trois secteurs de la Révolution mondiale, l'un de ces secteurs étant celui des luttes tiers-mondistes, me semblait donner une lignne de conduite claire et efficace.
Oui, la IVe avait une réalité pour moi : je lisais sa presse, on en parlait dans les séances du Bureau politique ou dans certains cours de formation, je rencontrai parfois des dirigeants de l'Internationale (bien que rarement). Parfois, il faut le dire, je trouvais toute cette littérature internationaliste un peu indigeste, et même quelques fois par trop triomphaliste.
Lisais-tu la Brèche ou Bresche ou Rosso, ou La Taupe ? A posteriori que penses-tu de ces organes et des tracts que nous diffusions ?
Oui, bien sûr. Je crois qu'il y a dans l'ensemble de notre presse trotskyste suisse une masse importante de réflexions politiques de valeur, même si le style en fut très fortement indigeste, décourageant maints lecteurs... Nous avons certainement pêché par une absence de sens pédagogique de la transmission...
Avais-tu alors l'impression de pouvoir vivre la fin du capitalisme à relatif court terme ?
Non absolument pas, même si j'avais l'impression que nous faisions une avancée significative. Je voyais la fin du capitalisme à moyen et même plutôt long terme, en tout cas pas pour ma génération !
Acceptais-tu la notion de violence révolutionnaire telle que défendue par la LMR et la IVe Internationale ? La lutte armée te paraissait-elle nécessaire dans certains contextes politiques ? Te sentais-tu attiré.e par les actions violentes « exemplaires » lancées par les « ultra-gauchistes » de l'époque (en Allemagne et en Italie surtout) ?
J'avais une vision très théorique de la violence révolutionnaire, qui devait être une violence exercée par les « masses » sous la conduite du parti révolutionnaire. Cette violence pouvait prendre, dans le cas de luttes contre des régimes dictatoriaux, la forme armée. En revanche, en Europe, je n'en voyais pas la nécessité.
Quant aux actions violentes dites exemplaires des ultra-gauchistes allemands, italiens, etc., je les condamnais absolument comme des actions substitutistes, donnant surtout du grain à mordre aux forces de répression capitalistes.
As-tu milité dans un « Comité de soldats » et comment cela s’est-il passé ? Comment jugeais-tu les mouvements pacifistes, l’objection de conscience ?
Non, jamais, mais j'ai accompli mon service militaire avec l'idée que je devais savoir manier des armes à feu, des fois qu'il faudrait quand même les retourner contre la bourgeoisie... C'était un peu un sujet de plaisanterie...
Cela dit, dans les cours de répétition, j'étais soigneusement éloigné de la troupe par le commandant, comme planton au bureau de compagnie, et ensuite comme postier de compagnie...
As-tu l'impression que nous avons réussi l'exercice de la démocratie interne dans l'organisation ou considères-tu qu'il y avait un clivage entre les « chefs » - celles et ceux qui donnaient le ton et la masse des militant.e.s ? Y avait-il selon toi des différences dans ce domaine, selon le secteur ou le lieu ?
Mon expérience est que cette démocratie interne ne fonctionnait pas. Nous avions été exclus du POP pour avoir critiqué son fonctionnement anti-démocratique et je retrouvais ce même fonctionnement dans la LMR. Certes, on pouvait faire des tendances, il y avait d'interminables débats dans les AG de ville et au Comité central, mais les militants étaient écrasés par une masse de paperasse qu'il fallait lire pour pouvoir un tant soit peu participer aux débats. Or, l'immense majorité des militants, à mon avis, ne lisait pas, au moins pas complètement, ces écrits fort rébarbatifs. Seuls les ténors de l'organisation, celles et ceux qui avaient du temps et de la formation intellectuelle, se trouvaient à même de mener le débat.
J'ai par ailleurs vécu à plusieurs reprises des exemples de « terrorisme intellectuel » ou de remarques porteuses de dérision à l'égard de militants exprimant, maladroitement parfois, une autre opinion. Je n'en ai pas été victime moi-même.
Au niveau du Bureau politique, les débats étaient en principe ouverts, chacun et chacune d'entre nous y participaient, mais il y avait des zones d'ombre, des « actions spéciales » dont une partie du Bureau politique ne savait rien, et les militants de base encore moins, tout cela au nom de la sécurité.
Tout cela, je ne l'ai pas découvert ou ressenti d'emblée ; loin de là ! Mais au fil des années, j'ai commencé à me poser des questions sur cette démocratie interne, qui me semblait bien écornée dans la pratique.
As-tu été victime de répression politique (licenciement, non-engagement, non-élection pour des motifs politiques) ?
Après, mon départ de la LMR en 1980, j'ai eu de la difficulté à retrouver un travail intéressant (j'ai fait de la traduction de catalogue de vente pendant quelques mois). Le directeur de la Bibliothèque universitaire m'a proposé de reprendre le poste dont j'avais démissionné dans les années 60, mais plusieurs membres du Conseil d'Etat, dont Raymond Junod, y ont mis le hola. Je me suis alors réorienté vers le journalisme sans gros problème. En 1987, lorsque j'ai postulé la direction du Musée historique de Lausanne, le syndic Martin (radical) m'a demandé si j'allais « utiliser mon poste pour faire ma politique ». Je lui ai répondu que je savais faire la part des choses. Il m'a fait confiance et j'ai été nommé.
As-tu vécu, d’une façon ou d’une autre, une tendance formalisée, un désaccord, un conflit voire une exclusion dans/de l’organisation et comment cela s’est-il passé, très précisément ?
Non, pas de tendance ! En 1980, j'ai critiqué en congrès national la position de la LMR sur la guerre soviéto-iranienne et parlé de mes doutes sur la démocratie interne et sur le projet de
« prolétarisation » qui s'annonçait, mais je n'en ai pas fait une bataille interne : j'étais fatigué du militantisme, à la limite du burn-out. Et surtout ma vie personnelle a pris un tour nouveau avec la rencontre de celle que j'ai épousée par la suite et avec laquelle je vis toujours. Ce fut le début d'un amour qui eut de profondes conséquences sur mes orientations de vie.
J'ai démissionné de l'organisation et j'ai ressenti, dans les premières années qui ont suivi, à la fois un soulagement (plus ces tâches qui se bousculent, plus ces séances qui s'accumulent, plus ces enjeux à défendre), mais aussi une culpabilité assez forte (j'avais quitté le navire, abandonné des camarades...). Avec le temps et l'évolution intérieure de la LMR, dont j'avais des échos, ma propre évolution aussi, cette culpabilité a disparu. Mais il a fallu du temps pour que je renoue avec certains et certaines de mes anciens camarades (certains d'ailleurs continuent à me battre froid...).
LE PSO ET LA PROLETARISATION
En 1980, la LMR est devenue le Parti Socialiste Ouvrier (PSO). Comment as-tu vécu cette mutation ? En particulier comment as-tu vécu la nouvelle orientation « vers la classe ouvrière », dénommée « prolétarisation » ? A-t-elle eu des conséquences personnelles pour toi ?
Comme dit plus haut, je n'ai vécu que les débuts de ce projet et j'y étais totalement allergique. Je trouvais cette démarche artificielle, volontariste. Pour moi, je ne me voyais pas du tout aller travailler à l'établi en usine.
DEMISSION EVENTUELLE - FIN DE LA LMR
Si tu as quitté la LMR/PSO à un moment ou à un autre, peux-tu expliquer tes raisons d'alors (critiques politiques, ras-le-bol du militantisme, changement de vie, etc.) ?
Voir plus haut, j'en ai déjà parlé.
Si tu es resté.e jusqu'au bout (1986-87), comment as-tu vécu la disparition formelle de l'organisation au plan personnel et en tant que militant.e ? T'es-tu senti.e partie prenante de cette période finale ?
J'ai quitté la LMR avant la création du PSO, en 1980.
APRES LA LMR/PSO...
As-tu eu ensuite l’impression qu’il t’était possible de poursuivre ton engagement par d’autres voies, as-tu retrouvé des camarades dans d’autres regroupements ?
J'avais un tel ras-le-bol du militantisme tous azimuths que j'avais mené, depuis 1966 à peu près, que je n'avais plus du tout envie d'entrer dans un organisme politique quelconque. Je voulais vivre tout ce que j'avais manqué pendant toutes ces années !
Ce qui ne m'a pas empêché de rester sur une ligne anti-capitaliste et de soutenir ponctuellement des actions de toutes sortes. Mais je n'ai plus souhaité faire partie d'une organisation politique - ni les Verts, ni SolidaritéS, ni le POP - désireux que je suis de préserver mon indépendance. Aussi, une sorte d'allergie au militantisme ne m'a plus quitté depuis mon départ de la LMR...
Je reste cependant dans la « famille » politique trotskyste dont je lis la presse, avec, parfois, des penchants vers le compromis (ainsi, au risque d'en sidérer plus d'un.e, j'ai voté pour le RIE III dans le canton de Vaud...).
Retrouvant d'ancien.e.s camarades, trotskystes ou maoïstes, ces dernières années, j'ai eu l'occasion de partager de nombreuses discussions passionnées sur la situation actuelle de la lutte anti- capitaliste, sur la nécessité ou non du parti révolutionnaire, etc. Mais je dois dire que, refusant aujourd'hui l'idée d'un parti révolutionnaire et d'une forme quelconque de dictature du « prolétariat » au sens large, je n'ai aucune alternative à proposer pour fédérer les luttes éparses et en faire un
instrument de transformation de la société capitaliste...
Comment s'est passée cette période post-LMR/PSO : réinsertion dans la société « normale », vide d'un brusque non-militantisme, recherche d'une solution politique alternative, abandon de l'activité politique militante, etc. ?
J'ai abordé toutes ces questions ci-dessus.
A POSTERIORI...
Comment juges-tu les lignes de force du projet marxiste-révolutionnaire de l'époque (notion d’ « avant-garde », construction d'un parti révolutionnaire, dialectique des trois secteurs de la révolution mondiale, etc.) ?
Je l'ai déjà dit, c'est la notion de parti révolutionnaire, qui fait problème pour moi. À mon sens, le PR n'éclaire pas la route du peuple opprimé, mais se substitue à lui, parle à sa place et finalement instrumentalise « les masses ». D'où confiscation du pouvoir par une petite élite agissante.
Globalement, quel jugement portes-tu sur tes années d'engagement au sein de la LMR ? Au plan personnel d'abord : fut-ce une « parenthèse » dans ta vie, en as-tu tiré des éléments positifs pour la suite de ton existence, lesquels ? Et sur le plan historique (osons le mot!), penses-tu que nous avons laissé une trace, apporté quelque chose, dans le cadre des divers mouvements révolutionnaires ou radicalisés de l'époque ?
Loin d'être une parenthèse, ce fut une longue période (j'y inclus les années précédent la création de la Ligue) importante pour moi, pour la formation de ma personnalité. Je pense y avoir trouvé des instruments intellectuels et une rationalité qui m'ont été très utiles dans la suite de mon existence. J'ai énormément apprécié la camaraderie que j'ai trouvée dans le militantisme quotidien, même si, a posteriori, je regrette le sectarisme, parfois l'arrogance dont nous (et je ne m'exclus pas de ce nous) avons fait preuve, rejetant des personnes,me coupant d'anciennes amitiés et connaissances. Avons-nous « peser » sur la réalité sociale de notre temps ? Sérieusement, je pense que nous avons été partie prenante – de façon certainement modeste - d'une époque-charnière du 20e siècle, celle d'une révolte multiforme contre la société capitaliste et sa morale, celle de la fin de la colonisation et du début de la crise du socialisme bureaucratique. J'ai écrit ailleurs que j'estimais que ce « feu d'artifice » anticapitaliste des années 70 a marqué la fin du positivisme révolutionnaire marxiste né au 19e siècle. Je persiste dans cette idée !
Finalement, où en es-tu politiquement parlant, aujourd'hui ? Si tu as choisi de cultiver ton jardin, pourquoi, comment ?
Je crois l'avoir déjà dit plus haut : je cultive mon jardin (j'ai 78 ans et je me sens le droit de me
« reposer »), tout en restant ouvert à toute solidarité, critique face à toutes les violences de la société néo-libérale, inquiet pour l'avenir de la société que nous laissons à nos descendants. Un pessimisme mâtiné de l'espoir que les générations plus jeunes sauront trouver la réponse que je n'ai pas.
Une anecdote à raconter ? Un souvenir qui te tient particulièrement à coeur, un exploit, un échec, un souvenir important pour toi ?
!  Le souvenir de notre « jonction » avec quelques rares anciens militants du trotskysme d'avant-guerre, comme J. Steiger, de Zurich,
!  l'odeur de l'imprimerie CEDIPS, à la rue de la Borde, où naissait chaque numéro de la Brèche,
certaines discussions enflammées du Bureau politique,
L'immensité de certaines grandes manifestations internationales, LIP à Besançon, La Commune à Paris ; le sentiment d'être au coeur d'événements populaires de masse..., le plaisir des discussions dans le train ; j'ai sillonné en chemin de fer la Suisse, des années durant. Ce qui m'a permis de découvrir avec bonheur la Suisse alémanique et ses militant.e.s
Autre(s) questions non formulées ici, auxquelles tu souhaites apporter ta réponse :
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Je désire que mes réponses soient publiées avec indication de mon identité.
Date et lieu : Pully, le 17 mars 2016 Nom et coordonnées : Olivier Pavillon
Mallieu 4 1009 PULLY 021 903 20 94

Pavillon Olivier

R. H.-P., témoignage

R H-P., né le 28 décembre 1950 à Bischofszell (Thurgovie). J’ai vécu au Locle de 1955 à 1973, à Neuchâtel de 1973 à 2012, à nouveau au Locle depuis janvier 2013.
Célibataire.
Scolarité au Locle (Ecole primaire, Ecole secondaire, Ecole de commerce / section diplôme) : 1956-1971
Formation à la Bibliothèque de la Ville – Neuchâtel, 1972-1974.
Bibliothécaire à la Faculté des sciences économiques, Université de Neuchâtel – 1975-juin 1976.
Bibliothécaire à la Bibliothèque Publique et universitaire - Neuchâtel (BPUN/ex-Bibliothèque de la Ville) – juillet 1976-décembre 2012.
Retraité en décembre 2012.

R. H-P.

S. U., témoignage

Né le 27.1.1943 en Suisse alémanique, dans une famille de couche moyenne aisée et conservatrice.
Père juriste et cadre dans une grande entreprise, mère bien occupée à la maison avec les quatre enfants. Sentiment de sécurité affective et matérielle pendant l’enfance, auquel l’ambiance conformiste mélangeait peu à peu de l’ennui. Maturité à l’école cantonale d’une petite ville de Suisse allemande ; il n’y avait pas d‘enfant d’ouvrier ou d’employé modeste parmi nous, les garçons portaient la cravate et se préparaient à suivre le parti radical ou le parti chrétien-social, et à grader dans l’armée. Études de médecine, à Genève pour changer d’air. Travail dans des cliniques et spécialisation en psychiatrie, puis en cabinet privé jusqu’à ma retraite en 2016, toujours à Genève. Entré à la LMR en 1971/72, étant marié et bientôt père d’un enfant né en 1972. Sorti du PSO en 1986.

S.U.